Le COLEACP cible le soutien au secteur de l’ananas du Bénin suite à une augmentation des contrôles de l’UE
- 02/10/2016
- Posted by: Gaetan Dermien
- Category: Ananas, Bénin, Non classé
Augmentation des contrôles en vertu du règlement (CE) 669/2009
Un avis a été publié indiquant que les ananas du Bénin seront bientôt soumis à des contrôles accrus au point d’entrée dans l’UE. Ces contrôles seront imposés en vertu du règlement (CE) 669/2009, qui concerne les aliments pour animaux ou les denrées alimentaires considérées comme à haut risque pour la santé publique.
Les pays de l’UE surveillent systématiquement les denrées alimentaires et les aliments pour animaux importés, à la recherche de contaminants ou de substances indésirables comme les aflatoxines, les salmonelles ou les pesticides. Les règlements de l’UE spécifient les concentrations autorisées de ces contaminants ou substances dans différentes denrées alimentaires. Si cette surveillance systématique révèle que ces seuils sont dépassés, l’UE peut prendre des mesures en vertu du règlement (CE) 669/2009 et augmenter l’intensité des contrôles aux frontières sur les denrées alimentaires concernées jusqu’à ce que le problème soit résolu.
Au cours des 3 dernières années, le nombre de lots interceptés d’ananas importés du Bénin a augmenté en raison d’une concentration de résidus d’éthéphon supérieure aux seuils autorisés dans le cadre des règlements de l’UE (LMR fixée à 2 Mg/kg). Étant donné que la situation ne s’est pas améliorée au cours des derniers mois, le problème a été soulevé le 30 septembre 2016 lors d’une réunion du groupe d’experts de l’UE sur les contrôles et les conditions d’importation. Ces experts ont proposé d’augmenter de 20 % la fréquence des contrôles sur les ananas provenant du Bénin. Le vote de cette proposition aura lieu le 9 novembre lors de la réunion du comité permanent. Cette proposition entrera en vigueur le 1er janvier 2017.
Ce que cela signifie pour le secteur
À partir du moment où ces contrôles accrus seront mis en place, 20 % de l’ensemble des importations d’ananas provenant du Bénin seront contrôlés en vue de vérifier la présence d’éthéphon. Si le problème perdure, l’UE pourrait encore augmenter le niveau des contrôles, voire imposer une interdiction des importations.
En attendant, l’introduction d’une augmentation de 20 % des contrôles aura des conséquences importantes sur le commerce des ananas provenant du Bénin :
- Si aucune mesure n’est prise par les producteurs/exportateurs pour améliorer les pratiques et réduire l’incidence des dépassements des seuils d’éthéphon, il va sans dire qu’une augmentation du niveau des contrôles produira une augmentation du nombre d’interceptions. Cela entraînera des mesures plus sévères de la part de l’UE.
- Les contrôles ne seront levés que lorsque l’UE verra que des mesures efficaces ont été prises et que le nombre et la sévérité des interceptions ont diminué.
- La mise en place de contrôles accrus aura des implications financières. Dans la plupart des pays de l’UE, notamment en France et en Belgique, le coût des analyses et du stockage supplémentaires est répercuté sur l’importateur, qui à son tour peut imputer une partie ou la totalité de ces coûts à ses fournisseurs. En cas de dépassement des LMR pour l’éthéphon, le lot consigné sera détruit et les fournisseurs doivent en général couvrir le coût de la dépense.
- La principale variété d’ananas concernée par ce problème (Sugar Loaf) a une courte durée de conservation. Les contrôles accrus risquent d’occasionner des délais, ce qui fait que même si les lots consignés sont libérés, la qualité risque d’en être altérée.
Dans d’autres pays ayant subi des contrôles accrus sur les exportations de fruits et légumes, le COLEACP a observé que les coûts occasionnés par ces contrôles, ajoutés à la perte de revenus que représentent les lots interceptés peuvent rapidement mener à une perte de compétitivité. Plus longue est la durée des contrôles de l’UE, plus difficile il est pour le pays de rester, commercialement parlant, un fournisseur viable du produit concerné.
Ce qui doit être fait
Selon le COLEACP, la première mesure à prendre de toute urgence afin que le problème soit traité pour l’ensemble du secteur, consiste à ce que toutes les entreprises béninoises impliquées dans la production et l’exportation d’ananas « pain de sucre » s’organisent et se concertent pour harmoniser leurs pratiques. Si une seule entreprise ou un seul producteur continue à exporter des produits présentant des concentrations excessives d’éthéphon, cela aura des conséquences pour l’ensemble de l’industrie. En travaillant ensemble, et en se regroupant au sein d’une association, les entreprises seront en meilleure position pour garantir un contrôle plus strict des chaînes d’approvisionnement et des pratiques. A moyen terme, il est nécessaire de renforcer les procédures, tant au niveau des producteurs que des exportateurs. Les exportateurs doivent s’assurer que tous leurs fournisseurs connaissent et appliquent les bonnes pratiques agricoles pour l’ananas « Pain de sucre » et s’approvisionnent seulement auprès des sources susceptibles d’assurer la traçabilité et le contrôle de la chaîne d’approvisionnement.
Il est capital que les autorités soient impliquées tant au niveau des services de vulgarisation/conseil, qu’en tant qu’Autorités compétentes assurant les inspections. L’UE pourrait tenir compte des procédures nationales de surveillance et de contrôle des résidus de pesticides en place avant de revenir sur leur décision d’accroître le niveau de contrôles.
Le COLEACP est persuadé qu’à plus long terme, le secteur doit apporter des changements plus radicaux pour résoudre le problème de l’éthéphon. Il existe en Europe un marché de niche pour les ananas de qualité transportés par avion, mais le marché est en passe d’être compromis, voire perdu, du fait des pratiques problématiques actuelles. Ces dernières sont appliquées dans le seul but d’obtenir et de fournir un ananas jaune même si les qualités gustative et sanitaire du fruit sont meilleures lorsqu’il est fourni et mangé à l’état vert. Les contrôles accrus de l’UE sur les exportations qui seront appliqués en 2017 pourraient servir de leçon au secteur pour qu’il repense sa stratégie.