- 30/01/2025
- Posted by: Sandra Borma
- Category: Actualités
La médiatisation des protestations des agriculteurs en 2023-2024 ont mis en lumière les immenses défis auxquels fait face le secteur agricole. Hausse des coûts, pression des détaillants, endettement croissant et effets du changement climatique : ces épreuves mettent en péril la viabilité des exploitations agricoles, affectant non seulement les producteurs mais également l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire. Ces mobilisations réclamaient notamment des prix équitables et des mécanismes concrets pour protéger les agriculteurs de leur position structurellement fragile dans la chaîne alimentaire.
Dans ce contexte, face à cette situation critique et dans la continuité du plaidoyer qu’il mène depuis des années envers un commerce plus juste, le COLEAD a cosigné récemment un « position paper » appelant à une révision urgente de la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales (PCD).
Cette initiative vise à garantir une plus grande équité et une meilleure répartition de la valeur tout au long de la chaîne d’approvisionnement agricole et alimentaire, tout en renforçant la durabilité du secteur.
Pour une réforme ambitieuse et efficace
Le position paper propose une série de mesures ambitieuses, essentielles à la survie des exploitations agricoles et à la création d’un système alimentaire juste et durable :
- Interdiction générale des pratiques commerciales déloyales : Adopter une interdiction globale pour dissuader les pratiques injustes qui compromettent les droits humains et des travailleurs.
- Interdiction des achats en dessous des coûts de production : Garantir que les produits agricoles ne puissent pas être achetés à un prix inférieur au coût de production durable, tant pour les fournisseurs de l’UE que ceux extérieurs à l’Union.
- Transmission équitable des prix : Interdire la vente de produits en dessous de leur prix d’achat afin d’assurer une répartition équilibrée de la valeur.
- Suppression de pratiques additionnelles nocives :
- Radiation des produits en représailles.
- Interdiction des enchères “à double course” qui font chuter les prix.
- Prévention des abus liés à la dépendance économique.
- Renégociation obligatoire des contrats en cas de circonstances imprévues.
- Renforcement de l’Observatoire de la chaîne agroalimentaire (AFCO) : Augmenter son budget et ses pouvoirs pour étendre le suivi aux produits importés et renforcer la collaboration avec les autorités de la concurrence.
- Amélioration de l’accès aux mécanismes de plainte :
- Sensibilisation accrue.
- Ressources multilingues et formulaires en ligne simplifiés.
- Encouragement des enquêtes ex officio pour limiter les craintes de représailles.
- Sanctions dissuasives et mesures compensatoires : Introduire des amendes proportionnelles au chiffre d’affaires mondial des contrevenants et garantir des compensations pour les victimes.
Une vision partagée pour une agriculture durable et résiliente
Dans l’esprit des lignes directrices politiques de l’UE, rappelant que “les agriculteurs doivent bénéficier d’un revenu équitable et suffisant et ne pas être contraints de vendre en dessous des coûts de production”, ce position paper représente un appel fort à l’action. Le COLEAD reste déterminé à travailler avec ses partenaires pour promouvoir une chaîne d’approvisionnement agroalimentaire équitable et durable, au bénéfice des agriculteurs, des entreprises et des consommateurs.
Ce document a été cosigné par plusieurs organisations influentes, notamment Oxfam, Fair Trade Advocacy Office, et IFOAM – Organics International, renforçant ainsi sa portée et sa légitimité.
Cette signature collective souligne l’importance de la coopération et de l’engagement pour une transformation positive du secteur agricole. Ensemble, nous pouvons contribuer à rétablir la justice économique et sociale dans les relations interentreprises et garantir un avenir durable pour les générations à venir.
Pour découvrir le position paper complet, consultez-le via ce lien : Position Paper complet.