Comprendre les retombées des interventions de renforcement des capacités liées au commerce

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Comprendre les retombées des interventions de renforcement des capacités liées au commerce

 

Cet article présente les résultats d’une étude pilote mise en oeuvre par le COLEAD dans le cadre du programme FFM+ pour explorer les “retombées” des interventions de renforcement des capacités liées au commerce au cours des deux dernières décennies visant à améliorer la chaîne de valeur de l’horticulture d’exportation au Kenya. Les retombées, entendues comme les impacts involontaires des interventions de développement, ont été sous-explorées dans les matrices de mesure performance  des projets. Bien que des organisations telles que le Fonds pour l’application des normes et le développement du commerce (FANDC) de l’OMC aient effectué un certain travail dans ce domaine, une compréhension et une intégration systématiques de ces effets dans les programmes futurs font toujours défaut. Cette étude pilote a été conçue pour découvrir les retombées potentielles et jeter les bases d’une étude plus complète à l’avenir.

Depuis 2001, le COLEAD a mis en œuvre divers programmes visant à renforcer le secteur des exportations agroalimentaires dans les pays ACP, en mettant l’accent sur la possibilité pour les petits exploitants, les groupes d’agriculteurs et les MPME d’accéder aux marchés horticoles internationaux et nationaux en traitant les questions SPS et les exigences du marché de manière durable. Malgré les progrès réalisés en matière d’accès aux marchés et de capacités SPS, on ne mesure pas toujours de manière adéquate comment le renforcement des capacités SPS liées au commerce influe sur les pratiques et les institutions nationales, ainsi que sur les effets du développement sur la productivité, la santé et les moyens de subsistance.

L’initiative du FANDC en 2017-18, à laquelle a participé l’Université de l’État du Michigan, a tenté d’étudier les indicateurs de retombées, mais s’est heurtée à des difficultés méthodologiques et à un manque de données. Néanmoins, elle a mis en évidence la nécessité de disposer de méthodes et de conseils pratiques pour mieux intégrer les retombées dans la conception des programmes. La participation du COLEAD au groupe de travail sur les retombées du FANDC a débouché sur la recommandation d’une étude de cas nationale détaillée, que ce rapport décrit, en se concentrant sur le Kenya en raison de son importante activité dans le secteur de l’horticulture. L’étude menée vise à comprendre les impacts plus larges de la programmation, au-delà de la conformité aux normes SPS, y compris les impacts sur la résilience, les moyens de subsistance et les dynamiques en matière de rapports de force au sein des filières.

Les résultats sont basés sur un travail de terrain mené au Kenya entre juin et août 2023, y compris des entretiens et des discussions de groupe avec des parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur de l’horticulture. Plus de 100 personnes ont participé à cette recherche.

Principales conclusions de l’étude

L’étude a identifié plusieurs retombées significatives ayant des implications pour la programmation future au Kenya et dans d’autres régions. Un processus de recherche plus détaillé est nécessaire pour explorer davantage ces retombées, ce qui permettra au COLEAD et à d’autres organisations d’intégrer de manière proactive ces impacts dans les interventions futures. L’objectif principal de l’appui internationale au secteur horticole kenyan a été de permettre la mise en conformité avec les normes commerciales, libérant ainsi le potentiel d’exportation. Bien que l’accent ait été mis en premier lieu sur l’accès au marché, les retombées ont été substantielles. Ces effets comprennent un professionnalisme et une systématisation accrus au sein des entreprises, une amélioration des compétences individuelles conduisant à de nouvelles entreprises, et un renforcement des institutions gouvernementales.

Une retombée positive notable est l’internalisation des bonnes pratiques au sein des entreprises, passant d’une simple conformité à une compréhension enracinée de la valeur de ces pratiques. Cette évolution a conduit à des opérations commerciales plus cohérentes et plus professionnelles, réduisant les taux de rejet et améliorant la traçabilité. En outre, de nombreuses personnes formées dans le cadre des programmes du COLEAD ont mis à profit leurs compétences pour créer de nouvelles entreprises ou fournir des services au sein de la chaîne d’approvisionnement, renforçant ainsi la résilience globale du secteur.

Les institutions gouvernementales en ont également bénéficié, les interventions contribuant à l’élaboration de politiques et au développement institutionnel, même si des défis subsistent.

Cependant, il existe également des retombées négatives, telles que l’impact du paiement à la pièce dans les stations de conditionnement sur le bien-être des travailleurs, qui n’ont pas été directement causées par le soutien du COLEAD ou d’autres organisations, mais qui soulignent la nécessité d’une plus grande sensibilisation aux impacts négatifs potentiels et de mesures proactives pour y remédier.

La création d’un secteur capable de s’adapter et de prospérer malgré les défis, tels que la stagnation des prix et l’augmentation de la concurrence, démontre l’impact plus large des retombées. Le secteur s’est diversifié dans d’autres cultures et produits à valeur ajoutée, appliquant les compétences acquises dans l’horticulture d’exportation aux marchés nationaux également.

Les retombées s’étendent au-delà du secteur horticole, les individus utilisant par exemple des compétences telles que les premiers secours et la préparation des aliments dans leur vie personnelle, ce qui renforce la confiance en soi et améliore les rapports de force au sein de la chaîne d’approvisionnement. Cela a permis aux exportateurs de se défendre contre certaines pratiques déloyales de leurs clients.

L’étude souligne aussi la nécessité d’un examen plus complet des retombées afin de développer des mesures significatives et d’intégrer ces impacts dans les programmes futurs. La compréhension de ces retombées peut améliorer considérablement la planification et l’efficacité des interventions futures, notamment en montrant aux jeunes que l’agriculture peut être un choix de carrière viable.

En conclusion, bien que les retombées soient souvent non planifiées et non mesurées, cette étude a mis en évidence leur importance dans l’élaboration de l’impact global des interventions de développement. Une compréhension détaillée de ces effets peut aider à faire évoluer les programmes pour qu’ils soient plus pertinents et plus réactifs à l’évolution des besoins, garantissant ainsi que les interventions futures seront à la fois plus efficaces et durables.

Pour plus d’informations, consultez l’étude complète ici.

Cette activité est soutenue par le programme Fit For Market Plus (FFM+), mis en œuvre par le COLEAD dans le cadre de la coopération au développement entre l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) et l’Union européenne. Cette publication bénéficie du soutien financier de l’UE et de l’OEACP. Son contenu relève de la seule responsabilité du COLEAD et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’UE ou de l’OEACP.